Votez Bérurier! by San-Antonio

Votez Bérurier! by San-Antonio

Auteur:San-Antonio [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265037762
Google: 0WK7QwAACAAJ
Amazon: 2265037761
Éditeur: Fleuve noir
Publié: 1963-12-31T23:00:00+00:00


CHAPITRE XI

O stupeur !

O rage !

O cédar ! Deviner qui je dégauchis à la cuisine ? Je ne vous le donne pas en mille, ce serait au-dessus du cours officiel, mais je vous le donne en neuf cent quatre-vingts ! Béru et Morbleut.

Ils sont assis à la grande table et sirotent deux cafés que vient de leur servir Augustine. Celle-ci est une grosse dondon dodue avec un chignon façon centre d’accueil pour pigeons ramiers en voyage. Elle leur verse dans le caoua une forte rasade d’alcool.

— Que signifie ? m’insurgé-je.

— Faut que je t’esplique, bredouille Béru. Comme on avait le blanc de ce matin qui nous restait sur la patate, on s’est dit qu’un café bien fort avec une larmichette d’ammoniaque dedans ce serait indiqué. Alors, mademoiselle qu’est la bonté même…

Je chope la bouteille pour la renifler. Ni mon pressentiment ni l’odeur qui se dégage de son goulot ne m’ont trahi : c’est bien du calvados.

— Tu appelles ça de l’ammoniaque ?

— Non ; elle en avait pas. Faute de grives on est bien obligé de bouffer des merles, non !

Ne voulant pas faire d’esclandre devant le dénommé Durond qui m’escorte, je remets à plus tard une croisière dans la mer des Sarcasmes.

— Monsieur Durond, susurré-je, pouvez-vous me fournir l’emploi du temps de votre soirée d’hier ?

Oh ! ce sursaut, mes carpes ! Il n’aime pas les sous-entendus, le gendre éploré. La suspicion sous-entendue dans la question lui fripe le visage comme du papier hygiénique. D’un coup, d’un seul, ce beau garçon réussit à devenir moche comme trente-six derrières de singes collés après un bâton.

— Que voulez-vous dire ? miaule-t-il.

— Rien d’autre que ce que je dis, fais-je calmement. Je vous demande ce que vous avez fait hier soir à Paris.

Il crispe ses mâchoires de casseur de noisettes.

— Monsieur le commissaire, je ne vois pas en quoi mon emploi du temps peut vous intéresser.

Alors là, vous le connaissez le San-Antonio chéri, hein mes poules ? La patience, c’est pas mon fort.

— Que vous ne voyiez pas, ça n’a aucune importance, tancé-je, du moment que moi je vois.

Un barrissement retentit. C’est Morbleut qui l’a poussé.

— Une lampe à souder, nom de D… ! hurle l’ancien adjudant. Donnez-moi une lampe à souder et je lui fais avouer tout ce que vous voudrez : le passé, le présent et l’avenir !

Sa Majesté l’apaise d’une nouvelle rasade de calva.

— Alors, monsieur Durond ?

— Durond, dubé, du radada ! chantonne Béru qui ne perd jamais une occasion de prouver l’étendue de sa culture.

Durond a un regard désemparé autour de lui. Il n’aperçoit que des visages hostiles. Le plus hostile de tous étant celui d’Augustine qui n’a pas l’air de le porter dans son cœur.

— Dois-je parler devant la domestique ? demande-t-il dans un souffle.

Ce petit crâneur ! Ça me fait plaisir de l’humilier.

— Préféreriez-vous parler devant votre épouse ? questionné-je innocemment.

— J’ai dîné en plaisante compagnie, révèle-t-il.

— Vraiment ?

— Oui, vraiment.

— Le nom de la dame.

— Lulu.

— C’est maigre pour établir son curriculum.

— C’est tout ce que je sais d’elle.



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